Dossier
UE/Mercosur : le dernier-né des accords commerciaux fait polémique
Dans la vidéo « Bien vu Momo », Momo lui-même voudrait qu’on soit plus vigilant sur les accords commerciaux.
Le 28 juin 2019, l’Union européenne annonçait un nouvel accord commercial avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay). Si les négociations sont en cours depuis plusieurs années, leur résultat annoncé ne convainc pas tout le monde.
Un accord commercial, qu’est-ce que ça veut dire ?
Les deux zones économiques souhaitent augmenter leurs échanges commerciaux en diminuant les droits de douane sur les produits exportés ou importés. Ils s’agit également de supprimer d’autres barrières commerciales qui ralentissent les échanges : simplification des formalités administratives pour les entreprises exportatrices, mise en commun des normes environnementales et sociales, etc. De très nombreux secteurs économiques sont concernés comme les industries automobile, chimique, pharmaceutique ou encore l’agriculture.
Côté consommateurs, l’offre de biens et de denrées alimentaires disponibles sera plus importante et les prix pourraient donc baisser.
En ouvrant leur marché les uns aux autres, les pays de l’UE et du Mercosur créent un immense marché transatlantique de près de 780 millions de consommateurs. Au total, estime Jean-Claude Juncker, qui était alors président de la Commission européenne, ce sont 4 millions d’euros de droits de douane qui seront économisés chaque année.
L’accord est-il gagnant-gagnant ?
Tout le monde ne loue pas les mérites du nouvel accord.
Chez les agriculteurs notamment, ça coince. Le secteur agricole européen est très critique du dernier-né des accords commerciaux. Les professionnels de l’agro-alimentaire dénoncent la diminution drastique des taxes douanières sur les importations de bœuf, de sucre ou encore de volailles sud-américaines. En l’absence de droits de douane, ces denrées seront en concurrence directe avec celles produites en Europe. Or elles sont accusées d’avoir reçu une forte dose de pesticides, dont l’utilisation est interdite dans l’Union. Le Brésil, au contraire, a massivement recours à ces produits chimiques pour améliorer la résistance des cultures.
Qu’est-ce qui va changer ?
Pour le moment pas grand chose. Et peut-être même que l’opposition des milieux agricoles et écologistes et les nouveaux enjeux internationaux rendront la mise en pratique de l’accord tout bonnement impossible.
Négocié par la Commission européenne, le texte doit encore être approuvé par les États membres, le Parlement européen puis par les parlements des 27 États membres. Un parcours qui s’annonce semé d’embuches. D’abord parce que la “vague verte” aux dernières élections européennes pourrait bien en compliquer l’approbation par les eurodéputés. Ensuite parce que, dès le 23 août 2019, le président français a déclaré qu’il considère que le président du Brésil « a « menti » sur ses engagements pour l’environnement”. Dans ces conditions, selon le chef d’État français, la France s’opposera à l’accord.
Finalement, le processus prendra sûrement encore plusieurs années et pourrait même échouer, si les oppositions sont trop fortes.