L’actu du 8 avril 2022 /
Ursula von der Leyen, à la tête de la Commission européenne, a remis officiellement un formulaire d’adhésion au président ukrainien Volodymyr Zelensky. Fin février, ce dernier avait en effet exprimé le souhait d’engager une procédure de candidature à l’intégration de l’Union européenne. Une demande qui fut d’ailleurs suivi epar celle de la Géorgie et de la Moldavie, dans la foulée. Mais pas question, pour le président Zelensky, d’attendre des années comme les six pays des Balkans également candidats à l’UE. Albanie, Bosnie, Macédoine du Nord, Monténégro, Kosovo et Serbie patientent pour certains depuis plus de dix ans. Lui demande une procédure accélérée justifiée par l’agression russe.
Or une telle voie rapide n’est pas prévue dans les traités. La Commission européenne peut accélérer son analyse de l’alignement de l’Ukraine sur les valeurs et sur l’acquis de l’UE (normes économiques, sociales, environnementales, etc.). Mais pour la suite, difficile de griller des étapes. En effet, si l’avis de Bruxelles est positif, l’intégration d’un pays requiert d’abord l’unanimité des voix des États membres. Or ces derniers ne sont pas tous favorables à l’adhésion ukrainienne, la France ou les Pays-Bas par exemple restent sceptiques, craignant de déstabiliser l’Union. Ensuite, une majorité d’eurodéputés doit être rassemblée. Enfin, tous les parlements dans les 27 États doivent ratifier la décision d’intégration. Dans certains cas même, un referendum est prévu par les législations nationales.
À ces difficultés juridiques pour accélérer le pas s’ajoutent des considérations politiques. L’Ukraine est-elle suffisamment alignée sur l’économie, le droit, les normes de ses voisins européens pour ne pas créer de trop grosses disparités au sein de l’UE ? Les réformes pour rattraper cet “acquis européen” pourront-elles être menées rapidement ? Le salaire minimum comme le PIB par habitant sont par exemple trois fois moins élevés en Ukraine qu’en Bulgarie, pays le plus pauvre de l’UE.
Et puis il ne serait pas possible de laisser sur le seuil les huit autres pays candidats dans la région. Or intégrer une dizaine de pays rapidement à l’Union européenne risque de déséquilibrer fortement le bloc. La convergence économique, à la base du marché commun en évitant la concurrence déloyale, ne sera pas atteinte en quelques mois.
En outre, les institutions bruxelloises ne sont pas adaptées à un si grand nombre de membres. Ne serait-ce qu’au Conseil de l’UE, certaines décisions de politique étrangère ou financière doivent être prises à l’unanimité. Avec 36 membres aux intérêts nationaux parfois opposés (la Serbie, par exemple, est politiquement bien plus proche de la Russie que la Pologne), la machine serait bloquée. Impossible de prendre des décisions.
Ainsi si le symbole est important, le dossier d’adhésion n’est pas synonyme d’une intégration imminente de l’Ukraine. Certains politologues imaginent déjà des alternatives à l’adhésion concrètes, avec des accords de partenariat UE-Ukraine très étendus.
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