L’Europe se lance dans la protection des sols et des forêts

L’actu du 22 novembre 2021 /

Le 17 novembre dernier, la Commission européenne a présenté plusieurs initiatives qui complètent son Green deal. Elle veut d’abord enrayer la déforestation causée par les Européens sur le continent et à l’international. Ensuite, dans une «  stratégie en faveur des sols », l’Union se donne pour objectif de restaurer et protéger tous les sols européens d’ici 2050. 

L’Union européenne s’est longtemps consacrée au développement économique en favorisant l’émergence d’un « marché unique », en encadrant la production agricole (via la PAC) ou l’énergie (via l’ancienne Communauté du charbon et de l’acier). Depuis quelques années, Bruxelles s’intéresse aussi à la nature. Le tournant « vert » est incarné par le Green deal, annoncé en décembre 2019. La protection des sols et des forêts sont les dernières initiatives en date du pacte vert.

La forêt, poumon vert à protéger
Entre 1990 et 2020, 420 millions d’hectares de forêts ont disparu de la surface de la planète. Soit une superficie plus vaste que celle de l’Union européenne. La forêt est pourtant indispensable pour capter les émissions du CO2. Principal coupable? L’expansion des zones agricole liée à la production de produits de base tels que le soja, la viande bovine, l’huile de palme, le bois ou encore le cacao.

Les nouvelles règles proposées par la Commission garantiraient que les produits consommés par les citoyens européens ne participent pas à la déforestation et à la dégradation des forêts dans le monde. Seuls des produits sans lien avec la déforestation seraient autorisés sur le marché de l’Union européenne. Bruxelles évaluera la provenance des importations et le risque de déforestation qui leur est associé. La proposition de règlement européen exclut toutefois la protection des zones humides ou des savanes. Ce que regrettent les ONG qui rappellent que près d’un quart des importations européennes de soja, en 2018, provenait du Cerrado, une région de savane brésilienne. Dans un premier temps, la Commission a décidé de ne contrôler que l’impact de six matières premières : bois, cacao, huile de palme, boeuf, café et soja. Elle regardera aussi certains de leurs dérivés comme le cuir pour le boeuf. Les eurodéputés, eux, recommandent d’y ajouter au moins le caoutchouc et le maïs.

Les sols : une nouvelle priorité pour l’Union
Avec les forêts, les sols sont la deuxième priorité affichée le 17 novembre. Ils abritent plus d’un quart de la biodiversité dans le monde et permettent eux aussi d’absorber le CO2 émis par les activités humaines. Pourtant, 60 à 70 % des sols de l’Union européenne ne sont pas en bon état, constate la Commission. En 2050 : tous ces écosystèmes devront être restaurés, indique Bruxelles. Il s’agirait de garantir aux sols, le même niveau de protection que celui appliqué à l’eau et à l’air par l’UE. L’exécutif européen promet, pour 2023, une législation sur «  la santé des sols », pour assurer des conditions égales de protection à travers l’Union.

La Commission attend aussi des 27 États membres qu’ils fixent, d’ici à 2023, des « objectifs ambitieux à l’échelle nationale, régionale et locale » en matière de réduction de l’artificialisation pour faire en sorte que les sols restent dans leur état naturel. Trop souvent l’urbanisation ou la production agricole dégradent la terre et la biodiversité qu’elle héberge.

Le Parlement européen et les Etats membres, au Conseil de l’UE, doivent désormais se prononcer sur les initiatives proposées par la Commission. Celles-ci ne se transformeront en textes de lois qu’après ce processus de négociation qui peut durer plusieurs mois.