Nul besoin de voyager bien longtemps pour se rendre compte combien les salaires peuvent varier entre voisins européens.
Progressivement pourtant, la construction européenne a bien contribué à réduire ces différences. La mise en place du marché unique ou les programmes d’échanges de jeunes et de travailleurs ont notamment pu favoriser la convergence des conditions de travail et de salaire. Des minima de temps de travail, des garanties en termes de conditions de travail ou de congés parentaux ont été définis au niveau européen.
Et patatras… la crise financière de 2008 a renversé cette tendance vertueuse.
Depuis 2008, l’écart entre les salaires d’Europe occidentale et ceux d’Europe de l’Est se creuse. Le salaire moyen du travailleur bulgare (457 € net) n’est que 20 % de celui de son collègue d’Europe de l’Ouest. À l’opposé, les habitants des pays scandinaves sont ceux qui gagnent le plus au sein de l’Union. Avec un salaire mensuel moyen calculé à 2 225 € net en février 2019, la France est quant à elle huitième au classement des pays européens offrant les salaires les plus élevés.
On distingue généralement trois groupes de pays dans l’Union. Un premier bloc où le salaire minimum ne dépasse pas 500 € par mois, regroupant surtout les anciens membres de l’URSS. Les pays du sud de l’Europe appartiennent, eux, à un second groupe où le salaire minimum mensuel se situe entre 500 et 1000 €. Enfin la France, comme une bonne partie des pays fondateurs de la CEE, propose un salaire minimum dépassant les 1000 € mensuels.
Par ailleurs, le salaire minimum n’est pas toujours une mesure très accessible. Ainsi, la
part des travailleurs percevant le salaire minimum dans l’UE s’établit aujourd’hui entre 5 %
(par exemple, en Belgique et à Malte) et 20 % (au Portugal et en Roumanie).
Peut-on renverser la tendance ?
Pour empêcher que ces écarts se creusent, deux théories économiques opposées proposent leur solution.
Pour certains, il faut laisser faire “les forces du marché”. En supprimant les barrières aux échanges entre Européens, on devrait favoriser la convergence des prix des biens et des services et donc celles des salaires. En effet, ces derniers entrent en compte dans la fixation du niveau des prix. C’est l’option que l’UE avait choisi de suivre et qui semblait porter ses fruits…. jusqu’à la crise financière.
Les tenants de la deuxième théorie sont interventionnistes. Ils souhaitent que des lois obligent les acteurs économiques à payer de manière égale les salariés des pays membres. Problème : la majorité des salaires sont fixés par les entreprises et ne sont ni un pouvoir étatique ni une compétence de l’UE. Un levier d’action demeure toutefois, celui du salaire minimum. Ce dernier, fixé par les Etats, peut influencer l’ensemble de la grille des revenus. Les entreprises sont en effet incitées à revoir leurs offres de salaires pour les ajuster proportionnellement au salaire minimum.
Vers un salaire minimum commun en Europe?
Si les traités européens prévoient que la législation sur le salaire relève du niveau national, on peut garantir le principe d’un “salaire minimum approprié” dans tous les États membres. Ce principe est d’ores et déjà énoncé dans le “Socle européen des droits sociaux” adopté en novembre 2017. Et au début de son mandat à l’automne 2019, la présidente de la Commission a annoncé qu’un « instrument juridique destiné à faire en sorte que chaque travailleur au sein de l’Union européenne bénéficie d’un salaire minimum équitable » sera proposé « à chaque pays et discuté chaque année collectivement.”
Aujourd’hui, six États membres n’ont toujours pas de salaires minimums. Il s’agit de l’Autriche, de Chypre, du Danemark, de la Finlande, de l’Italie et de la Suède.
Attention toutefois : les chiffres, le montant des salaires, les classements, sont toujours à mettre en perspective avec le coût de la vie. 1 € gagné en Bulgarie permet d’acheter bien plus de choses qu’avec 1 € en France par exemple ! Pour qu’un salaire unique soit pertinent, il faudrait que les prix soient les mêmes partout.
En attendant, le salaire minimum peut prendre la forme d’un même pourcentage du revenu médian de chaque pays. Le revenu médian étant le niveau de revenu qui divise la population en deux catégories égales : 50 % des habitants d’un pays gagnent plus que ce revenu, 50 % gagnent moins. Cette solution permettrait de prendre en compte les différences de coût de la vie à travers l’Europe. En effet, des règles uniformes et centralisées au niveau européen ne peuvent pas être imposées à des pays aux contextes économiques si différents.
En 2020, avec la crise sanitaire qui touche très durement les économies, les sommets entre dirigeants des 27 se multiplient pour éviter que les conséquences de la pandémie creusent davantage les écarts entre les niveaux de croissance économique au sein de l’UE.
Photo © Scott Blake/Unsplash
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