L’actu du 19 février 2023 /
En plein coeur de l’été 2022, les Etats-Unis de Joe Biden promulguent un ensemble de mesures de grande ampleur pour soutenir les entreprises américaines. De fortes sommes d’argents publics sont en jeu. C’est l’inflation Reduction Act ou « IRA ». Voyant cela, les entrepreneurs et investisseurs européens menacent de se détourner du vieux continent au profit de l’Amérique où les subventions du gouvernement facilitent grandement les affaires. Alors à Bruxelles, les institutions européennes entendent bien s’aligner ou, a minima, redonner confiance aux industriels.
Aout 2022. Le président des Etats-Unis, Joe Biden adopte un plan à plus de 400 milliards de dollars, principalement pour soutenir les entreprises dans le contexte d’inflation. La hausse des cours de l’énergie (en partie liée à la guerre menée par la Russie en Ukraine et à la reprise post-covid) a entrainé une augmentation générale des prix (l’inflation) qui met à mal les finances des citoyens mais aussi des entreprises du pays. Mais l’Inflation Reduction Act (IRA) est bien plus qu’un ensemble de mesures anti-crise.
Contrairement à ce que laisse penser son nom, le plan de Biden est bien plus ambitieux et bien plus structurel. La lutte contre l’inflation n’est qu’un prétexte qui permet au gouvernement de justifier des subventions massives aux entreprises américaines pour les aider à prendre le virage de la transition énergétique. La majorité des sommes proposées — souvent sous forme de baisse de taxe appelée « crédit d’import » — ciblent d’ailleurs des mesures de lutte contre le changement climatique. Il peut s’agir par exemple d’inciter financièrement les ménages ou les entreprises à installer des panneaux solaires, à rénover leur logement, à acheter des véhicules électriques, etc.
L’objectif de Washington affiché dès le début du mandat de Biden est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50 à 52 % d’ici à 2030 (par rapport aux niveaux de 2005). Et dans sa présentation de l’IRA, le gouvernement affirme que ce train de mesures est un instrument de choix pour réduire rapidement les émissions des Etats-Unis.
Très vite, les Européens crient à la concurrence déloyale, au protectionnisme abusif. Dans un marché mondialisé, les mesures américaines offrent un vrai avantage compétitif aux entreprises outre-Atlantique. Surtout que les produits subventionnés ne sont que ceux fabriqués aux Etats-Unis. La voiture électrique doit être une Tesla, pas une BMW. Bref, les entreprises implantées en Europe risquent de délocaliser leur production aux Etats-Unis pour bénéficier des mêmes conditions préférentielles. Alors à l’automne, branle-bas de combat : la Commission européenne annonce réfléchir à un moyen d’empêcher que l’IRA déstabilise toute l’économie européenne.
Ainsi, Bruxelles tente de négocier un statut spécial pour les industries des Vingt-Sept afin qu’elles bénéficient elles aussi des subventions de Washington si elles participent à la transition verte . « Le Mexique et le Canada bénéficient bien de ce statut, pourquoi pas nous ! , s’indigne l’UE.
L’autre piste : répliquer l’IRA à la sauce européenne. Mettre de l’argent sur la table — via un nouveau fonds européen par exemple — et subventionner les produits « made in Europe ». Ces solutions sont en cours de négociation. Les chefs d’Etat et de gouvernement se sont réunis le 9 février dernier en sommet, pour tenter de dessiner une vision commune. Ils ont par exemple chargé la Commission européenne de faciliter la mise en place de régimes d’aides publiques à destination des entreprises, de travailler sur un plan pour accélérer la transition vers la neutralité carbone de l’économie de l’UE ou encore de réfléchir à un nouveau fonds européen pour booster la compétitivité dans les Vingt-Sept. Les dirigeants doivent se revoir fin mars et attendent, d’ici-là, des propositions plus concrètes de la Commission européenne.
En parallèle, dans les pays d’Europe, les gouvernements essaient eux aussi de soutenir leur économie pour éviter les délocalisations vers les Etats-Unis mais aussi la concurrence chinoise ou japonaise par exemple. Le tout dans un contexte d’inflation élevé et de prix de l’énergie encore très volatils. En France par exemple, le gouvernement travaille à un projet de loi « industrie verte » pour soutenir la décarbonation des entreprises et aider en particulier certains secteurs clés pour la transition écologique comme l’hydrogène ou le solaire. Le texte qui sera présenté l’été prochain est présenté par le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, comme un début de réponse à l’IRA. Il s’est rendu à Washington, avec son homologue allemand, pour plaider un traitement spécial pour les produits européens.
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