L’actu du 5 mars 2022 (mise à jour le 13 mars) /
La guerre en Ukraine jette un coup de projecteur sur la grande dépendance de l’Union européenne aux sources d’énergies provenant de Russie. Important moyen de pression, l’énergie risque bien de jouer un rôle de premier plan sur la scène diplomatique au moment où les Européens tentent, sans entrer en guerre, de s’opposer à l’avancée de l’armée russe en Ukraine.
40%. C’est la part de gaz importé par l’UE en provenance de la Russie en 2020, selon les chiffres d’Eurostat. Certains pays européens de l’Est sont dépendants à 100 % du gaz russe. En Allemagne, ce dernier représente 50 % de la consommation nationale. En France les sources de gaz sont plus diversifiées : 36 % sont importés de Norvège et seulement 17 % de Russie.
Utilisé pour le chauffage, l’industrie ou la production d’électricité, le gaz est donc essentiel à la bonne marche actuelle de l’économie. Dans ces conditions, si la Russie décidait de couper l’approvisionnement de l’UE, en représailles du soutien des Européens aux Ukrainiens, les conséquences risquent d’avoir un impact fort sur notre quotidien. Avec la raréfaction des sources de gaz, son prix augmentera, l’inflation des prix de l’énergie serait alors visible sur les factures de chaque citoyen européen. Dans le pire des scénarios, certains analystes prédisent des coupures d’électricité, des fermetures partielles d’usines, etc.
Mais ce blackout généralisé reste peu probable à très court terme car l’économie russe est elle aussi fortement dépendante de la demande européenne. Ainsi, les exportations énergétiques vers l’UE comptent pour 15 % du PIB russe. Il est donc peu probable que Vladimir Poutine se prive d’une telle manne financière alors qu’il a plus que jamais besoin de renflouer les caisses de l’État et alors que l’économie russe pâtit aussi des sanctions émises par les États occidentaux et les multinationales.
La prise de conscience est pourtant là : les Européens ne veulent plus dépendre d’une seule puissance étrangère. Il en va de « l’autonomie stratégique » de l’Union, l’une des priorités affichées par le président français lorsque la France a pris la tête du conseil de l’UE pour six mois, en janvier 2022. Les dirigeants des Vingt-Sept, réunis à Versailles pour un sommet exceptionnel, ont aussi planché sur les solutions pour ne plus importer de combustibles fossiles (gaz, charbon, pétrole) de Russie. Alors comment diminuer l’influence russe dans la politique énergétique de l’UE ?
Diversifier les sources d’approvisionnement ? Pas si simple de faire appel à d’autres pays qui ont souvent signé des contrats à long terme avec d’autres clients et ne peuvent pas rediriger aisément leur production vers l’Europe. La Norvège, par exemple, atteint déjà les niveaux maximum de production permis par ses ressources naturelles (gaz, pétrole, etc.). L’Union européenne a toutefois annoncé qu’elle essayait de négocier de plus grandes quantités de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis. Le Qatar aussi s’est dit prêt à fournir de plus grandes quantités de GNL aux Européens. Problème toutefois, ce gaz acheminé par bateau est deux fois et demi plus énergivore que le gaz naturel traditionnel transporté par gazoduc depuis la Russie. Sa fabrication et son transport émettent 2,5 fois plus de gaz à effet de serre.
Les défenseurs de la cause environnementale sont vent debout. Eux veulent au contraire donner un coup d’accélérateur sans précédent aux énergies renouvelables. C’était déjà le projet de Bruxelles qui, en juillet 2021, présentait son « paquet climat » pour booster l’éolien, le solaire et miser sur l’efficacité énergétique, c’est-à-dire baisser la consommation d’énergie. Mais les sources renouvelables ne sont pas sans défaut. Le plus embêtant : elles sont « intermittentes », c’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas produire de l’énergie en continu car elles dépendent du soleil ou du vent et leur production est difficilement stockable. En outre, de nombreux composants entrant dans la fabrication des panneaux solaires sont fabriqués ou extraits en Asie. L’Europe est donc, encore une fois, dépendante d’une puissance extérieure. D’importants investissements seront donc nécessaires pour relancer les filières de production d’énergie zéro-carbone en Europe (nucléaire ou renouvelables notamment). La Commission européenne a aussi annoncé qu’elle voulait imposer des niveaux de stockage obligatoires de gaz pour les Vingt-Sept, afin de prévenir d’éventuelles situations de pénurie.
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