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La désinformation en Europe pendant la crise sanitaire
L’actu du 31 mars 2020 /
En période de crise plus que jamais, le climat d’angoisse généralisée favorise le développement de fake news. Ces fausses informations « se propagent plus rapidement que le virus », a récemment déclaré l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Face à cela, l’Union européenne (UE) souhaite agir et entend bien prendre le problème à bras le corps.
Un constat alarmant
« Le coronavirus va détruire l’UE », « Le covid-19 est une arme biologique créée par les USA » ou encore « Le virus a été inventé pour affaiblir la croissance économique en Chine ». Voici quelques unes des 152 fake news qu’a repéré la Commission européenne depuis janvier. Le rapport publié jeudi 26 mars par son service diplomatique chargé de la lutte contre la désinformation en ligne accuse la Russie. Des médias d’origine russe affirment par exemple que les Européens utilisent le virus pour détruire le mouvement Gilets jaunes en France ou pour ne pas avoir à accueillir les réfugiés sur le continent.
L’Espagnol Josep Borrell, à la tête de la diplomatie européenne, a rappelé que dans une telle crise « La désinformation, c’est jouer avec la vie des gens. La désinformation peut tuer ».
La lutte s’organise
Consciente du problème, l’Union européenne a rapidement créé une page internet officielle et unique dès le début de l’épidémie pour recenser les informations vérifiées sur la réponse à la crise sanitaire.
Elle exerce également une forte pression sur les plateformes numériques comme TikTok, YouTube ou Facebook par exemple. Vera Jourova, la vice-présidente de la Commission en charge de la « transparence », a demandé à ces géants du web de prendre part à la lutte contre les fausses informations.
Les entreprises comme Google ou Microsoft ont signé un « code de conduite » pour stopper ces fake news. Suite au dernier entretien de la commissaire européenne avec les plateformes, beaucoup affichent désormais en premier les ressources officielles lorsque l’on recherche des informations sur le coronavirus.
Enfin, l’Union européenne a invité ces sociétés à empêcher les escroqueries en ligne dans la vente de masques de protection ou de désinfectants pour les mains. Les sites internet comme Amazon ou Le bon coin devront davantage contrôler les produits proposés à la vente.
Un combat de longue haleine
Cette action contre les fake news n’est pas nouvelle. Elle ne date pas de la crise sanitaire.
Dès mars 2015, le Conseil européen reconnaît pour la première fois la menace que représentent les campagnes de désinformation en ligne. L’Union européenne crée alors une Task Force, unité spéciale composée de seize employés des institutions de l’UE ou détachés par les États membres. Les membres de l’équipe sont des spécialistes de la communication qui parlent plusieurs langues. Ils analysent à longueur de journée les données provenant de différents médias à l’extérieur de l’UE, et principalement en Russie.
Depuis les débuts il y a quatre ans, le budget dédié à ces missions a doublé. Il s’élève aujourd’hui à 5 millions d’euros. Des exemples de l’action de cette unité spéciale sont recensés sur le site EUvsDisinfo. L’approche est participative, et les citoyens eux-mêmes peuvent contribuer en envoyant des articles repérés dans la presse étrangère et relayant de fausses informations.