L’actu du 9 octobre 2023 (Mise à jour de l’actu du 10 septembre) /
LA CPE
Les dirigeants d’une quarantaine de pays d’Europe se réunissaient à Grenade, en Espagne, le 5 octobre. Ce format, imaginé par Emmanuel Macron pour faciliter le dialogue au delà des seuls membres de l’Union européenne, a semblé s’essouffler quelque peu. Un mois plus tôt c’était au G20, en Inde, que les chefs d’Etats et de gouvernement se retrouvaient pour s’accorder sur les grandes orientations économiques surtout, mais aussi — et de plus en plus souvent — écologiques, et géopolitiques.
La troisième édition de la CPE ou « communauté politique européenne » ne restera pas dans les mémoires. Les discussions n’ont abouti à aucun accord précis et pour cause : deux dirigeants clé avait déserté Grenade. Le Turc Recep Tayyip Erdoğan avec qui les Européens ont souvent du mal à avoir un dialogue apaisé, n’a pas daigné faire le déplacement. Dommage, car ce format CPE est précisément fait pour entretenir un canal de discussion entre l’UE des Vingt-Sept et leurs plus proches voisins : Royaume-Uni et Turquie étant les plus puissants. Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev non plus n’est pas venu en Espagne. Son pays est pourtant accusé de mettre de l’huile sur le feu d’un conflit ancestral avec son voisin arménien. Les Européens auraient bien voulu discuter des manœuvres militaires pilotées par l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh arménien. La CPE aurait pu apaiser les tensions. Mais c’est raté pour cette fois. Nouveau rendez-vous est pris au Royaume-Uni, l’année prochaine, pour la quatrième réunion de la CPE.
Certains membres de la CPE s’étaient déjà rencontrés en Inde, à New Delhi les 9 et 10 septembre dernier à l’occasion du G20 qui réunit les plus grandes économies mondiales.
Le G20
Ce rendez-vous annuel — officialisé en 2008 — est l’un des multiples forums de discussions à l’échelle internationale : ses membres sont moins nombreux que ceux de l’ONU (censé représenter l’entièreté des pays du globe) ou de l’OTAN (censé regrouper l’UE, les Etats-Unis mais aussi le Canada ou encore la Turquie autour d’intérêts militaires et de défense). Ils sont toutefois plus nombreux que le G7 ou G8 : des clubs encore plus fermés réunissant les 7 ou 8 premières économies mondiales. Ou que d’autres réunions à format réduit tel que le sommet des BRICS (réunissant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine ou l’Afrique du Sud) ou l’organisation de coopération de Shanghai (Chine, Russie, Kazakhstan Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan).
Aux côtés de la France, de l’Allemagne, des États Unis, du Mexique ou encore de l’Indonésie, se trouvaient aussi l’Union européenne et l’Union africaine. Une multiplication des échelles géographiques qui entraine parfois une certaine cacophonie. Ainsi Charles Michel, président du Conseil européen a félicité l’Inde, sur X (anciennement Twitter), d’avoir organisé un G20 « mémorable », quand le président français,Emmanuel Macron, a regretté, face à la presse, des résultats « insuffisants ».
Dans le viseur du président français Emmanuel Macron : l’ambition climatique de la déclaration finale du G20. Ce texte, d’une trentaine de page, est publié chaque année pour dresser les conclusions des négociations du sommet. Loin d’être anodin, il fait l’objet d’âpres tractation. Les équipes de négociateurs et de diplomates de chacun des membres du G20 passent de très longues semaines à la rédiger pour dresser une position commune sans froisser aucun d’entre eux. Et tous se montrent bien souvent très susceptibles.
Au chapitre climatique par exemple, certains comme la France, auraient voulu avoir des engagements plus clairs pour supprimer les énergies fossiles en fermant les centrales à charbon dès 2030 et les puis de pétrole dès 2050. La fin des combustibles fossiles est aussi un objectif européen, mais l’UE n’a pas de position commune (entre les 27) sur la date à laquelle ces derniers devraient avoir disparu. Les membres du G20 grands producteurs de pétrole, comme l’Arabie Saoudite, ont largement freiné toute déclaration actant la sortie des énergies fossiles. Le texte propose toutefois, pour la première fois, un objectif visant à tripler les énergies renouvelables d’ici à 2030. « Le strict minimum » réagit Lisa Fischer de l’ONG E3G. Mais une petite victoire pour l’Union européenne.
Bruxelles compte bien défendre ce même objectif mondial lors de la COP 28 en fin d’année à Dubaï. Car s’est bien à la COP qu’il revient de fixer des cibles climatiques à l’international. Cette « Convention Of Parties » (littéralement conférence des parties, en français), est un autre événement annuel mais organisé par l’ONU cette fois, et réunissant donc tous les Etats et organisations politiques (comme l’UE) de la planète. A quelques semaines de la prochaine COP, la déclaration du G20 donne une première idée de l’ambition en demi-teinte, qui pourrait être affichée à Dubaï.
L’autre sujet polémique sur les tables de négociation à New Delhi était sans surprise, la guerre en Ukraine. Que dire de ce conflit dans la déclaration finale ? La Russie s’oppose à toute condamnations de ses agissements. Elle est membre du G20 et même du sous-groupe informel de pays aux économies émergentes — les BRICS. Finalement, une formulation vague autour des principes de souveraineté et d’intégrité territoriale a permis d’éviter tout blocage.
L’année prochaine, le G20 se tiendra au Brésil. L’occasion une nouvelle fois de faire entendre la voix des pays en développement loin des centres traditionnels de pouvoir européens ou américains. Une ambition qui s’exprime aussi à travers l’apparence à des forums (BRICS, Organisation de coopération de Shanghai ou encore Dialogue quadrilatéral sur la sécurité – Quad) qui entendent insister sur les intérêts stratégiques de la région indo-pacifique. En multipliant ces espaces de discussions, les pays en développement veulent souligner leur indépendance et partager leur vision d’un monde capable de se développer loin des puissances occidentales.
Immersion citoyenne sur l’Europe et l’Union européenne
Tous les jours l’actualité européenne nous donne des éléments à la fois de notre diversité et de ce qu’on construit avec les autres Européens. Retrouvez l’essentiel des actus ici et gardez le fil !
Et vous, à Romain… vous auriez répondu quoi ?
L’Europe c’est pas sorcier est une opération transmedia, participative et intergénérationnelle sur l’Europe dédiée aux enfants, aux adolescents et jeunes adultes, aux parents et grands parents.
En mettant les internautes en immersion sur les sujets européens qui les intéressent, ce site est un des éléments de l’opération L’Europe c’est pas sorcier qui se décline aussi en une exposition, un mémento et des événements en régions.
C’est L’Union européenne expliquée à tous. Son histoire, les gens qui y vivent et qui la font, les traités, les institutions et leurs rôles, les chefs d’Etat et les commissaires, les ministres et les députés, les sujets de tous les jours et l’Europe de demain.
L’opération est produite à l’initiative de et par Graine d’Europe qui associe sa démarche de sensibilisation à l’Europe à la philosophie de l’émission « C’est pas sorcier » pour créer le concept « L’Europe c’est pas sorcier », en partenariat avec France Télévisions.