La Croatie a rejoint l’Union il y a bientôt sept ans, le 1er juillet 2013, devenant alors le 28e pays membre de l’UE. Comme le reste du continent, cette petite république d’à peine 4 millions d’habitants a traversé ces dernières années une longue récession économique (2009–2015), revenant à la croissance seulement en 2016. Cette même année, tandis que des mouvements eurosceptiques et anti-système prenaient pied dans le pays, les Croates ont assisté bouche bée au referendum britannique qui a déclenché le Brexit. Leur pays venait tout juste d’intégrer l’Union et voilà que le Royaume-Uni décidait d’en partir. Incroyable.
Mais trois ans plus tard, le Brexit semble avoir eu un impact positif sur l’image de l’Union européenne dans son 28e État membre. « Face aux difficultés de Londres dans la gestion de leur départ, les Croates se disent que les Britanniques n’ont pas pris la bonne décision », explique Tomislav Klauški, célèbre éditorialiste au quotidien croate 24 Sata. Ce changement de perspective se reflète dans la politique nationale. Le « Bouclier humain » (Zivi Zid), le parti populiste qui avait récolté près de 17 % des votes lors des élections présidentielles de fin 2014, a mis de côté sa rhétorique anti-européenne la plus dure, tout comme sa proposition d’un « Croxit ».
« Il y a une expression en croate qui dit : au sein du troupeau ça pue, mais il fait chaud. Je pense que la plupart de mes concitoyens, même lorsqu’ils sont déçus par l’Union européenne, préfèrent rester à l’intérieur », poursuit Tomislav Klauški. En effet, d’après une étude Eurobaromètre réalisée au printemps 2017, seulement 36 % des Croates avaient une « bonne image » de l’Union européenne, 46 % « une image neutre » et 16 % « une mauvaise image ». Cette adhésion n’a en effet pas répondu aux attentes des citoyens croates qui espéraient un sursaut économique du pays comme impact immédiat de son intégration européenne. Avant d’intégrer l’Union en 2013, l’ex république yougoslave a en effet dû négocier pendant 10 ans avec Bruxelles. Et une fois le jour J arrivé, le pays n’a pas vécu cette révolution positive qu’une grande partie de la population attendait.
Mais au fil des années, l’UE devient plus populaire en Croatie. Fin 2018, ce ne sont plus 36 % mais 44 % des croates qui considéraient l’UE comme étant « une bonne chose » pour leur pays, 41 % d’entre eux que c’est « ni bon, ni mauvais » et 14 % que l’UE est « une mauvaise chose ». Et lors des élections européennes de 2019, l’Union démocratique croate (HDZ), le Parti social-démocrate (SDP) et une coalition libérale ont remporté 9 sièges au Parlement européen sur un total de 12 assignés à la Croatie. Les trois sièges restants ont été attribués à des formations plus euro-sceptiques.
En ce début d’année 2020, la Croatie s’est retrouvée pour la première fois à la tête de la présidence tournante du Conseil de l’UE. Le 31 janvier, ainsi à la tête des réunions des ministres européens, elle a dû notamment gérer le départ officiel du Royaume-Uni de l’Union européenne. Cela n’a pas été sans une petite bourde. Lors d’un Comité des représentants permanents à Bruxelles, l’ambassadrice croate Irena Andrassy a salué son homologue britannique en lui disant : “Au revoir et bon débarras” (Goodbye and good riddance, en anglais). “C’est sans doute l’illustration parfaite de quarante-sept années de décalage entre les Britanniques et le reste de l’Union européenne”, a commenté le Financial Times. Mais l’ambassade de Croatie a Bruxelles a expliqué qu’il y n’a pas eu de malentendu : “c’était un échange amusant entre amis”. Quoiqu’il en soit, c’est bien le dernier Etat entré dans l’Union européenne qui a eu la tâche de dire formellement “au revoir” au Royaume-Uni.
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