L’actu du 20 mai 2022 /
Voilà une question sur laquelle la Commission européenne planche depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février dernier. Et la pression s’accélère à mesure qu’un nombre croissant de pays (Finlande, Pologne, Bulgarie, etc.) voient leur approvisionnement en gaz russe coupé sur ordre du Kremlin. Le 18 mai, Bruxelles a dévoilé son plan pour faire face à la crise : le REPowerEU. Objectif : ne plus dépendre de l’énergie russe d’ici à 2027 au plus tard. Il sera débattu par les dirigeants des Vingt-Sept lors du prochain Sommet européen, les 30 et 31 mai.
Le Pari des renouvelables et des économies d’énergie
C’est l’un des piliers de la stratégie d’indépendance énergétique de l’UE détaillée dans le plan REPowerEU : produire plus d’énergie verte localement et consommer moins d’énergie. Deux axes déjà développés dans son « paquet climat », présenté en juillet 2021. Cet ensemble de textes visait à réhausser les objectifs climatiques de l’Union d’ici à 2030. Ainsi dans le contexte nouveau de guerre en Ukraine et de tension sur le marché énergétique, la Commission entend bien parier sur ce paquet climat en accélérant les mesures qu’il sous-tend. Elle veut même aller plus loin, grâce à un nouveau texte législatif. Celui-ci, appelé « directive », vise à revoir à la hausse l’objectif de consommation de renouvelables en Europe d’ici à 2030, par rapport à celui fixé en juillet. Il réhausse aussi l’ambition en termes d’économies d’énergie, toujours par rapport à celui édicté dans le paquet climat. Il doit maintenant passer par les mains des colégislateurs : le Parlement européen et les États-membres au Conseil, qui pourront le conserver, le modifier ou le rejeter.
Ainsi par exemple, il s’agira d’aider financièrement et techniquement la filière solaire à se développer pour doubler la production d’énergie photovoltaïque d’ici à 2025. Pour cela, l’exécutif propose même d’imposer de nouvelles lois au secteur du bâtiment pour rendre obligatoire l’installation de panneaux solaires sur tous les nouveaux bâtiments résidentiels avant 2030 par exemple. Une stratégie est aussi détaillée pour booster l’hydrogène « vert », le biométhane ou encore les pompes à chaleur.
L’appel à l’international
Développer de nouveaux partenariats énergétiques à l’international pour remplacer le gaz russe, voilà le deuxième pilier du plan européen. Il faut dire que les économies d’énergie ne parviendront pas à remplacer plus de 5 % des importations d’hydrocarbures russes. Quant aux renouvelables, elles demandent un temps non négligeable de développement qui ne permet pas de répondre à l’urgence. L’Union mise donc sur de nouveaux contrats de gaz, pétrole ou d’énergie renouvelable (dans une plus faible proportion) avec des États tiers.
De gros volumes de gaz naturel liquéfié (GNL), fortement émetteur de gaz à effet de serre, seront par exemple importés des États-Unis par bateau, pour remplacer une partie du gaz russe. L’Algérie, la Norvège devraient aussi proposer leurs stocks gaziers. L’Afrique du Nord pourrait devenir, selon l’UE, un véritable partenaire pour la production et la livraison d’hydrogène vert. Quant aux pays du Golfe, ils sont censés fournir davantage de pétrole.
Les financements
Et tout ce plan a un coût : 210 milliards d’euros d’investissement seront nécessaires d’ici à 2027. La Commission propose aux Vingt-Sept États-membres de réorienter l’argent non utilisé des plans de relance post-Covid par exemple. A l’époque, les fonds européens débloqués pour faire face à la pandémie étaient constitués de subventions et de prêts. Si toutes les subventions ont été pourvues, les montants que l’UE proposait de prêter aux États à des taux avantageux n’ont pas tous été demandés. Il s’agirait donc de les utiliser pour financer un chapitre « REPowerEU », qui viendrait s’ajouter à chaque plan de relance national en détaillant les investissements nécessaires pour assurer la sécurité énergétique d’un État. La Commission propose de la même manière de piocher dans les recettes du marché européen du carbone (vente de « permis à polluer ») ou de réorienter des fonds issus de la politique de cohésion ou de la PAC (politique agricole commune) comme ça avait été le cas pour le Covid à hauteur de 5 %, mais cette fois-ci jusqu’à 12,5 %.
Le REPowerEU sera désormais discuté par les eurodéputés et par les États-membres, au Conseil. Il s’invitera aussi à la table des chefs d’États et de gouvernements des Vingt-Sept lors du prochain Conseil européen, fin mai. Les mesures listées devront ensuite être mises en place, certaines par la Commission européenne elle-même, d’autres par les États voire par les citoyens, qui sont encouragés à faire de petits gestes (préférer les transports en commun aux voitures, éviter l’avion, baisser le chauffage…) pour économiser de l’énergie.
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