L’actu du 8 octobre 2022 /
Pour certains c’est LA solution face à la crise des prix de l’énergie, pour d’autres c’est l’anéantissement de trente ans de construction du marché intérieur de l’énergie. Imposer un prix plafond pour le gaz est une option qui divise les chefs d’État et de gouvernement des Vingt-Sept qui se sont réunis à Prague le 7 octobre pour tenter d’ébaucher les premières pistes d’un terrain d’entente.
Partout en Europe, les prix du gaz atteignent des sommets, frôlant par moment les 350 euros le mégawattheure (ils étaient autour de 30 €/MWh en septembre 2018). Les factures s’envolent et les citoyens européens sont dans la rue, de Prague jusqu’à Londres et bientôt Paris, pour manifester contre cette « vie chère ».
Voilà plus d’un un an que la crise de l’énergie dure et certains s’impatientent de ne pas voir la Commission européenne prendre une position forte. Problème : les vingt-sept dirigeants ne parlent pas d’une seule voix. Les partisans d’une solution en forme de plafonnement du prix du gaz, comme la Belgique, l’Espagne, l’Italie, la Pologne ou même la France, sont eux-mêmes divisés. Il y a ceux qui veulent limiter le prix du gaz utilisé dans la production d’électricité (pour limiter la contagion des prix hauts à toutes les factures d’énergie). Ceux qui veulent plafonner le prix du tout le gaz circulant sur le marché européen. Et il y a la Commission européenne qui voudrait surtout plafonner le prix du gaz russe, ce que plusieurs États considèrent comme une mesure de sanction plutôt qu’une politique énergétique.
Dans le camp des anti-plafond, l’Allemagne, les Pays-Bas ou encore le Danemark jugent la mesure trop radicale. Eux sont favorables à conserver le fonctionnement du marché quitte à négocier avec nos importateurs de gaz, Norvège, Algérie et États-Unis en tête, un tarif réduit commun. Ils soulignent aussi le risque en termes de ssécurité d’approvisionnement : si l’Europe n’accepte qu’un prix bas, pourquoi les producteurs de gaz voudraient-ils livrer le Vieux-Continent plutôt que l’Asie ou d’autres qui ne régulent pas ? Et puis un prix plafonné ne risque-t-il pas de pousser les Européens à sur-consommer, sans tenir compte de la pénurie ?
Des hésitations balayées par plusieurs pays qui ragent de voir Berlin annoncer un paquet de mesures de 200 milliards d’euros pour soulager les factures des ménages. Une somme monstre que beaucoup d’États ne peuvent pas se permettre de proposer à leurs citoyens. Pour eux, seul un plafonnement du prix, instauré dans toute l’Europe, peut avoir un effet direct et fort pour limiter les effets de la crise.
Ce sont toutes ces questions qui étaient discutées sous les dorures du château de Prague lors du sommet informel du 7 octobre organisé par la présidence tchèque du Conseil de l’UE. La Commission européenne a présenté une « feuille de route », détaillant les différentes options entre négociations du prix avec les partenaires de confiance et découplage du prix du gaz et de l’électricité. « Mais il n’y avait pas de véritable mécanisme sur la table », a regretté le président français. Comme ses collègues italiens ou polonais, il est de ceux qui estiment que la Commission européenne traîne des pieds sur le sujet. Les dirigeants ont donc énoncé leur position sur les différentes options, montrant une nette tendance à l’élargissement du camp de ceux qui sont favorables au plafonnement. « A Versailles [au sommet de mars], j’avais convaincu trois pays. Aujourd’hui, il y en a deux ou trois sur les Vingt-Sept qui ne sont pas convaincus », a déclaré Alexander De Croo, le Premier ministre belge en marge de la réunion. Mais aucun consensus n’a encore été trouvé. Pour le président du Conseil européen, Charles Michel, « ce sommet doit être vu comme une étape stratégique nous amenant au prochain Conseil européen qui devra faire des pas en avant».
Rendez-vous est donc pris les 20 et 21 octobre, à Bruxelles, pour un nouveau sommet censé trancher la question du plafonnement des prix du gaz. Entretemps, les ministres de l’Énergie se réunissent à Prague le 12 octobre pour continuer à débattre et, la Commission le promet, elle mettra de nouvelles propositions d’action plus concrètes sur la table dans les prochains jours pour alimenter le débat sur le prix du gaz et soulager au plus vite les factures.
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