L’actu du 25 juin 2022 /
Les 23 et 24 juin, les dirigeants européens se réunissaient une nouvelle fois à Bruxelles. Le dernier Sommet européen sous présidence française de l’UE avait un enjeu majeur : trancher sur la candidature de l’Ukraine et de la Moldavie à l’Union européenne. Il restera dans les mémoires comme un moment fort du processus d’élargissement de l’UE.
Volodymyr Zelensky était confiant. Quelques jours avant le sommet, le 16 juin, deux piliers de l’Union européenne habituellement hostiles à tout nouvel élargissement avaient abandonné leurs réserves « Nous soutenons le statut de candidat immédiat à l’adhésion » pour Kiev, déclarait Emmanuel Macron lors d’une conférence commune avec son homologue allemand Olaf Scholz sur le sol ukrainien. Les deux pays ont cédé aux pressions de leurs voisins à l’est, soutenant la candidature de l’Ukraine, et du président ukrainien lui-même, qui a multiplié les interventions vidéo à chaque réunion des 27, leur demandant de considérer l’intégration de son pays à l’Union. Ils ont aussi compris que la guerre durerait et que la candidature de Kiev, pendant quelque temps encore, resterait symbolique tant les réformes nécessaires à l’accession sont conditionnées au retour à la paix. Mais pour la population, le symbole d’espoir est important.
Les institutions européennes favorables à la candidature
Le 17 juin, la Commission européenne “recommandait” officiellement la candidature de l’Ukraine. Nous voulons que les Ukrainiens “vivent avec nous le rêve européen”, lançait-elle. La balle était alors dans le camp des États.
Le 22, le Parlement européen vote, à une immense majorité, une résolution de reconnaître cette candidature. La balle est désormais dans le camp des États membres qui doivent, sur ces questions d’élargissement, se prononcer à l’unanimité.
Dans la soirée du 23 juin, quatre mois presque jour pour jour après l’invasion lancée par l’armée russe, les chefs d’État et de gouvernement des 27 l’officialisent dans leurs “conclusions” du premier jour de sommet : le statut de candidat à l’Union européenne est accordé à l’Ukraine.
Le début d’un long processus
Pour Kiev, la première étape est franchie. D’autres, non moins complexes, s’annoncent : il faudra mettre en place de profondes réformes pour lutter contre la corruption, assurer l’état de droit, garantir l’indépendance de la justice mais aussi aligner l’économie et le système financier sur les voisins européens. Plusieurs années s’écouleront sûrement avant d’intégrer un nouvel État membre. Le président Zelensky lui-même semble avoir pris conscience qu’une procédure d’adhésion “accélérée”, qu’il a longtemps défendue, serait irréaliste. C’est d’ailleurs en devenant plus raisonnable sur le calendrier qu’il a fini de convaincre les dirigeants européens les plus réticents.
En rejoignant l’Union, l’Ukraine en deviendrait le plus grand pays en superficie. Et le 5e en termes de population avec ses 41 millions d’habitants. Les règles de prises de décision au sein de l’UE devront sûrement être revues, préviennent déjà Emmanuel Macron et Olaf Scholz. D’autant que le feu vert pour la candidature de l’Ukraine permet aussi d’accorder le statut de candidat à la Moldavie. Un pays frontalier de l’Ukraine qui, comme son voisin, voit certains de ses territoires aux mains des proRusses. La Moldavie avait déposé sa demande de candidature en même temps que l’Ukraine et dans le même contexte.
Le sort des Balkans
D’autres attendent depuis près de vingt ans. Les six États des Balkans occidentaux sont en passe de se faire griller la priorité par Kiev et Chisinau et venaient se rappeler au bon souvenir des Européens lors d’une réunion dédiée, en marge du sommet du 23 juin.
Mais celle-ci n’aura pas réussi à lever les blocages. En cause notamment, la position de la Bulgarie qui met son veto depuis de longues années à l’ouverture des négociations d’adhésion de la Macédoine du Nord. Un contentieux historique et culturel que la présidence française n’aura pas réussi à démêler. Pour Sofia, les Macédoniens doivent reconnaître, dans leur constitution, l’origine bulgare de leur langue et mieux protéger la minorité bulgare. Et ce n’est pas le seul nœud de tension. La Serbie, par exemple, refuse toujours de reconnaître le Kosovo. Autant de blocages qui ont empêché les Européens d’accélérer le processus d’intégration des Balkans occidentaux.
Le Premier ministre albanais, Edi Rama, a même fait de cette situation une leçon à retenir pour l’Ukraine. Il a conseillé à Kiev de ne “pas se faire d’illusions” sur le statut de candidat accordé par l’Union européenne. En effet, le processus pour l’adhésion sera sûrement très long : “La Macédoine du Nord est candidate depuis dix-sept ans, si je n’ai pas perdu le compte, et l’Albanie depuis huit ans”, rappelait-il le 23 juin.
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