L’actu du 13 septembre 2021 /
La prise de Kaboul par les Talibans au coeur du mois d’août, a sorti les Européens de leur torpeur estivale. Les institutions du vieux continent se devaient de s’exprimer mais surtout d’agir. Mais la grosse machine européenne, sans armée ni force de frappe diplomatique, voit sa marge de manoeuvre réduite. Elle veut pourtant se montrer active, utile et peser sur la scène internationale face au voisin américain.
L’Union de la coordination
Comme souvent dans les crises sanitaires ou catastrophes naturelles, l’UE peut compter sur ses experts de la coordination qui organisent les réponses croisées des Vingt-sept. Sous la houlette de l’Union, les Etats membres se sont donc entraidés pour organiser les rapatriements du personnel des ambassades européennes et des ressortissants afghans qui y étaient employés. Les institutions de l’UE elles-mêmes devaient rappatrier les quelques 400 personnes qui travaillaient pour la délégation européenne à Kaboul. Une opération impossible sans l’aide des Etats, seuls capables d’émettre des visas. Là encore, la coopération européenne s’est mise en branle. L’Espagne a offert d’accueilir temporairement les rapatriés sur son sol, le temps qu’un voisin européen accepte de les reloger en leur proposant un visa. La France assurait la présence diplomatique à l’aéroport et l’Italie le pont aérien.
L’inquiétude migratoire
Passé le temps de l’urgence et des évacuations, la coordination est toutefois plus difficile à maintenir entre les Vingt-sept. « J’appelle tous les Etats qui ont participé aux missions en Afghanistan, les Européens et les autres, à accorder des quotas d’accueil suffisants (…) pour que collectivement, nous puissions venir en aide à ceux qui ont besoin de protection », a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Mais elle n’a pas de pouvoir de contrainte sur les Etats et des voix discordantes se sont vite fait entendre : Belgique, Autriche, Danemark et même Allemagne se sont montrés peu enclin à l’accueil des réfugiés, appelant même à « procéder à des retours volontaires et forcés vers l’Afghanistan ». La crise migratoire de 2015 est dans toutes les têtes et faute de réforme de sa politique migratoire — qui ne comporte toujours aucun mécanisme automatique de répartition des demandeurs d’asiles entre les 27 — l’Union risque de revivre les afflux incontrolés de migrants. 500 000 Afghans seraient encore candidats au départ selon l’ONU.
Apprendre de ses erreurs
Il y a tout de même une chose sur laquelle Bruxelles n’entend pas se tromper à nouveau : la question du voisinage. Le pari de laisser la Turquie gérer les migrants de Syrie, moyennant finance, s’est avéré être un échec. Les traitements inhumains et le non respect par Ankara de ses engagements, ont refroidi l’Union. Cette fois, l’argent européen sera dirigé vers l’aide humanitaire en Afghanistan mais aussi au Pakistan et au Tadjikistan notamment. L’aide fournie passera de 50 à 200 millions d’euros, a déjà annoncé la présidente de la Commission. Elle doit s’accompagner d’un dialogue avec les autorités locales. S’il ne sera pas possible de rouvrir toutes les ambassades des Etats européens, l’UE peut ré-organiser une présence, en représentant les Vingt-sept et en maintenant des échanges avec les Talibans au pouvoir. Cette présence diplomatique est souhaitée par le chef de la diplomatie européenne, Joseph Borell, «quand les conditions sécuritaires seront assurées».
Un nouvel élan pour l’UE
La tragédie afghane est aussi le moment pour les institutions européennes de s’interroger sur leur coopération militaire avec les Etats-Unis. Ces derniers ont négocié avec les Talibans sans aucune consultation des Européens qui en subissent pourtant les conséquences. Des voix se font entendre pour repenser le poids de l’UE dans l’alliance stratégique de l’OTAN, dominée par les américains. Et même, plus radicalement, certains ressuscitent l’idée d’une véritable armée européenne.
La réforme de la politique migratoire de l’UE pourrait aussi bénéficier d’un coup de boost. La réforme du Pacte Migratoire a été identifiée comme un dossier important sur la table de la future présidence française de l’UE, en janvier 2022.
Le commissaire européen en charge de la question, présentera les suites de son « pacte migratoire pour l’Union » à la fin du mois.
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