Vous avez entendu parler pendant l’été et tout récemment dans les actus des tentions entre la Grèce, Chypre et la Turquie… Voici quelques éléments sur le sujet.
Après un été de tentions en mer Egée, l’UE met en garde la Turquie
Vous avez entendu parler pendant l’été et tout récemment dans les actus des tentions entre la Grèce, Chypre et la Turquie… Voici quelques éléments sur le sujet.
Après un été tendu, durant lequel les navires de guerre grecs et turcs ont frôlé l’incident militaire, le Conseil européen a décidé début octobre de ne pas introduire de sanctions contre Ankara, mais de l’appeler à « s’abstenir de mener des actions similaires à l’avenir ». Ce compromis a initialement été salué par le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, tandis que le président turc Recep Tayyip Erdogan a assuré qu’Ankara aurait poursuivi la voie du dialogue. Mais deux semaines plus tard, la crise a éclaté à nouveau et le Conseil européen du 16 octobre est revenu sur l’affaire.
De quoi parlons-nous ? Ce qui est mis en question c’est l’activité de recherche de gaz et d’hydrocarbures que la Turquie a entamée mi-août dans une zone de la mer Égée qu’Athènes estime relever de sa souveraineté.
Il s’agit là d’un contentieux territorial qui empoisonne depuis longtemps les relations entre les deux voisins méditerranéens, mais qui a repris de l’importance depuis qu’Erdogan a relancé le concept de « patrie bleue » (Mavi Vatan), un projet politique qui vise à ramener sous contrôle turc quelque 460 000 km carrés de surface marine, y compris des îles attribuées à la Grèce depuis 1947, qui sont distantes de seulement quelques kilomètres des côtes d’Anatolie.
Cet été, face à ce qu’elle considère comme étant des « provocations », Athènes a donc déployé sa marine militaire, et elle n’a pas été la seule à réagir fermement. Paris a envoyé début septembre deux frégates aux côtés des navires grecs, tandis que plusieurs pays européens, dont la France et Chypre, ont brandi la menace de sanctions européennes contre la Turquie. Même les États-Unis seraient sur le point de prendre des contre-mesures contre Ankara. D’après le quotidien britannique The Times, l’administration Trump souhaiterait déménager en Grèce la base navale américaine qui se trouve actuellement à Incirlik, en Turquie. « C’est le signe que la patience de Washington envers Ankara diminue », commente le journal.
Mi-septembre, cette réaction internationale a abouti à une désescalade en Méditerranée orientale : le navire d’exploration sous-marine turc Oruc Reis a quitté la zone où il était déployé, et la Grèce a accepté d’entamer des « pourparlers exploratoires », bien que les deux voisins restent sur des positions très distantes. . D’un côté, le gouvernement grec fait appel à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, adoptée en 1982 et qui lui garantit la souveraineté sur une grande partie de la mer Égée. De l’autre, Ankara ne reconnaît pas cette loi et entend élargir ses eaux de compétence nationale.
En outre, même au sein de l’Union européenne, différents points de vue persistent sur ce sujet. Juste avant le conseil européen de début octobre, Nicosie avait critiqué l’attitude de l’UE, qui annonçait des sanctions contre la Biélorussie mais n’était pas prête à faire la même chose avec la Turquie. L’Allemagne, par contre, considère que de telles mesures seraient contre-productives dans le cas d’Ankara, qui partage avec l’Union d’autres dossiers, notamment la gestion des réfugiés venant de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan. Enfin, il ne faut pas oublier que, contrairement à la Biélorussie, la Turquie demeure un État membre de l’Otan et formellement candidat à l’intégration européenne, ce qui rend l’éventualité de sanctions encore plus compliquée à activer.
Voilà pourquoi le Conseil s’est limité à insister sur l’importance du « plein respect du droit international » et du « dialogue », tout en rappelant qu’« en cas de nouvelles actions unilatérales ou provocations en violation du droit international, l’UE utilisera tous les instruments et toutes les options à sa disposition pour défendre ses intérêts et ceux de ses États membres ». Notamment, le Conseil européen cite l’article 215 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), consacré aux « mesures restrictives » que l’UE peut introduire vis-à-vis « de personnes physiques ou morales, de groupes ou d’entités non étatiques », tout comme de l’éventuelle « interruption ou réduction des relations économiques et financières avec un ou plusieurs pays tiers ». En somme, le Conseil a fait savoir que les sanctions sont toujours sur table.
Mais après une désescalade initiale, le navire d’exploration gazière Oruç Reis a fait son retour mi-octobre au sud de l’île grecque de Kastellorizo (Megisti), proche des côtes turques. De plus, Ankara a ouvertement affiché son soutien à la décision de l’autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN) de rouvrir l’accès à la station balnéaire de Varosha, occupée par l’armée depuis 46 ans. Pour Nicosie il s’agit là d’une provocation intolérable, puisque la communauté chypriote-grecque qui habitait Varosha n’a jamais pu revenir dans les habitations qu’elle avait quittées au moment de l’occupation de la commune par la Turquie.
Encore une fois, le Conseil européen a donc du intervenir sur le dossier turc : « Le Conseil européen demande instamment à la Turquie d’inverser ses actions et d’oeuvrer à la détente de manière cohérente et soutenue », peut-on lire dans les conclusions de la réunion du 16 octobre. Selon le président français, Emmanuel Macron, les leaders européens reviendront « avec des décisions dans les prochains mois en fonction de l’évolution du comportement de la Turquie », mais le Premier ministre grec pose d’ores-et-déjà ses conditions. « Décembre est la date limite à laquelle l’UE doit prendre ses décisions, si la Turquie poursuit des actions unilatérales d’escalade qui violent le droit international », a déclaré Kyriakos Mitsotakis.
Immersion citoyenne sur l’Europe et l’Union européenne
Chaque sujet lancé par les participants en réponse à cette question et diffusé dans les vidéos de la série L’Europe c’est pas sorcier a fait l’objet d’un dossier qu’on vous livre ici. Vraiment intéressant !
Et vous, à Romain… vous auriez répondu quoi ?
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