À Bruxelles, le discours est clair : la priorité numéro UN des institutions européennes va à la gestion de la crise sanitaire et à la crise économique qui y est liée. Pourtant les autres dossiers ne sont pas tous mis au placard. Tour d’horizon.
Le budget européen à long terme
L’Europe doit se doter avant le 31 décembre d’un nouveau plan budgétaire pour les sept années à venir. Lors du dernier sommet des chefs d’État et de gouvernement sur le sujet, en février, les négociations avaient été gelées jusqu’en avril, faute d’accord. Toutefois, face à la menace d’une sévère crise économique, le budget européen revient sur toutes les lèvres.
À la tête de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen a annoncé travailler à une nouvelle proposition de budget européen pour prendre en compte les conséquences de la crise sanitaire. Voilà qui devrait relancer le débat entre les leaders des 27.
Le digital et le Green Deal : on ne lâche rien
La Commission veut garder ses deux priorités, digital et climat, et les intégrer au plan de relance d’après la crise.
Bruxelles avait annoncé en début d’année un grand plan pour amorcer une transition vers le digital. Si le calendrier est un peu décalé par la crise du coronavirus, les dossiers « numériques » continuent d’être étudiés. D’autant que le rôle des GAFA (premiers concernés par les politiques numériques de Bruxelles) est une nouvelle fois démontrée dans la lutte contre le Covid-19. Les plateformes relaient les messages officiels ou fournissent les données rendues anonymes pour évaluer le respect du confinement.
Sur la transition verte aussi, la Commission européenne affirme que les travaux continuent. Des initiatives sont par exemple annoncées par l’exécutif pour le mois de juin pour poursuivre le Green Deal et Bruxelles a ouvert une consultation publique autour de la trajectoire à suivre pour arriver aux objectifs de sa proposition de loi climat qui fixe la neutralité carbone pour 2050.
Le Green Deal étant une politique européenne annoncée par la Commission, il faut maintenant qu’elle soit adoptée par le Parlement européen et par le Conseil de l’Union. Côté parlement, la majorité des députés européens soutient une relance verte, mais une petite quarantaine (sur les 705 eurodéputés) s’est depuis la crise du coronavirus exprimée contre le Green Deal. Leur argument : l’argent et l’ambition de l’UE devraient aller à la seule priorité de santé publique. Une logique également reprise par les gouvernements tchèque et polonais. Voila qui risque de compliquer les choses au moment des négociations entre les institutions pour entériner les textes. D’autant que l’objectif européen était de le faire avant la prochaine COP. Cela dit, la COP26 initialement prévue en novembre 2020 vient d’être reportée à cause de la pandémie. Une COP26 en 2021 laisse le temps aux institutions de s’accorder...
L’élargissement
S’il y a un sujet qui n’a pas souffert de la crise, c’est bien celui-là. Le dossier était figé depuis l’automne 2019 : la France refusait alors de débloquer les négociations d’élargissement pour la Macédoine du Nord et pour l’Albanie, le président français qualifiant d’obsolètes les méthodes d’évaluation de la préparation d’un pays candidat. Finalement, l’Hexagone a obtenu une nouvelle procédure d’adhésion à l’UE plus stricte et réversible. La position française a donc évolué.
Résultat ? Le 24 mars dernier, les 27 ont approuvé l’ouverture des négociations pour intégrer Macédoine du Nord et Albanie. Les deux pays candidats devront avoir été réalisé une série de réformes avant l’ouverture officielle de ces négociations qui dureront encore de longues mois. Le passage de 27 à 29 n’est pas attendu avant plusieurs années. Certains évoquent 2023…
Le Brexit
Drôle de contexte pour les négociations de la relation future entre l’UE et le Royaume-Uni : 3 acteurs majeurs sont atteints du coronavirus ! Le Premier ministre britannique Boris Johnson est souffrant et hospitalisé depuis lundi 6 avril, et David Frost, son négociateur, est également contaminé. Côté européen, Michel Barnier, le Monsieur Brexit de l’UE annonçait lui aussi il y a quelques semaines avoir été déclaré positif au Covid-19.
Pourtant, la première réunion du « comité mixte » (l’organe chargé de la gouvernance de l’accord de retrait) a bien eu lieu le 30 mars dernier. Limitée à un simple appel téléphonique, elle n’a pas permis de débloquer les principaux dossiers sensibles comme par exemple les contrôles douaniers. La prochaine réunion se tiendra en juin, au moment même où les équipes doivent se prononcer sur une éventuelle extension de la période de transition. Pour le moment, les lois européennes restent applicables aux Britanniques jusqu’au 31 décembre 2020. Au vu des retards de négociations, une transition étendue au-delà de cette date est une option de plus en plus probable. Elle donnerait plus de temps pour la négociation de la relation future.
Les institutions européennes ne chôment donc pas. Plusieurs dossiers d’avant la crise du coronavirus continuent d’avancer. Les calendriers sont toutefois fortement bouleversés pour recentrer les moyens humains et financiers sur la lutte contre l’épidémie.
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