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Du vote français aux groupes européens, quels changements ?
L’actu du 27 mai 2019 /
Au lendemain des élections européennes, les euro-députés élus s’organisent en groupes politiques au sein du Parlement.
Qui sont les vainqueurs / les perdants en France et en Europe ?
Dans l’hexagone c’est le Rassemblement National de Marine Le Pen, qui sort vainqueur du scrutin. Avec 23,3% des voix, il passe de justesse devant le parti du Président de la République (LREM), à 22,4%. L’extrême droite française devrait rejoindre l’alliance des euro-septiques de l’italien Matteo Salvini pour le moment au sein du groupe Europe des Nations et des Libertés (ENL). Toutefois, la déferlante euroseptique n’a pas eu l’ampleur prédite au niveau européen. Les scores des “anti-Europe” sont moins élevés que prévus aux Pays-bas, au Danemark, en Allemagne ou en Autriche. En outre, les divergences de vue entre ces partis sont profondes, empêchant la formation d’un bloc compact. Ce qui fait dire à la chercheuse Nathalie Brack, spécialiste de l’eurosepticisme, qu’on risque d’avoir “beaucoup de bruit, mais peu d’influence”.
Malgré les scores en demi-teinte de LREM, le groupe libéral qui accueillera le parti du Président français au niveau européen, sort gagnant du scrutin. Avec 109 eurodéputés, le rassemblement des centristes et libéraux ADLE de l’UE devient la troisième force du Parlement européen.
La “vague verte” dans une grande partie de l’Europe a également touché les côtes françaises. Le parti de Yannick Jadot double son score de 2014 passant de 6 à 12 élus européens. Dans l’ensemble de l’UE, le groupe des écologistes Verts/ALE gagne 17 euro-députés et deviennent la quatrième force avec 69 sièges.
Les grands perdants, côté français, sont les partis traditionnels : les Socialistes et Les Républicains. Leur nombre de sièges est divisé par deux par rapport à 2014. Ils envoient respectivement 5 et 8 euro-députés au Parlement de Strasbourg. Pourtant, à l’échelle de l’UE, le groupe des conservateurs PPE (Parti Populaire Européen) qui a perdu une quarantaine de sièges conserve son premier rang avec 180 eurodéputés. Le groupe des socialistes et démocrates S&D perd aussi quarante élus mais se maintient avec 145 sièges comme principale force d’opposition, notamment grâce aux bons scores en Espagne et en Italie.
Quelles conséquences sur les politiques européennes à venir?
L’ampleur de la poussée écologiste devrait influencer l’agenda européen en faveur d’une politique climatique plus ambitieuse. Combinée à la progression des euro-septiques, ces forces ralentiront surement la conclusion d’accords de libre-échange. Des accords que l’un accuse de mettre à mal les normes écologiques, de favoriser les émissions polluantes quand l’autre y voit une mondialisation néfaste pour les identités nationales. Les anti-Europe comme les Pro-climat pourraient également s’accorder sur la critique de l’austérité budgétaire.
Beaucoup, comme Eric Maurice de la fondation Robert Schuman, estiment que les euroseptiques, plutôt que d’imposer leur agenda (migration, identité, etc) risquent d’être des facteurs de blocages. Ils pourraient chercher à ralentir les décisions et la recherche du consensus.
De manière plus générale le morcellement inédit des forces politiques en présence pourrait mettre à mal l’image d’unité du bloc européen. Une cohérence pourtant nécessaire à la crédibilité de l’Union lors des négociations avec la Chine, la Russie, ou encore les USA.
Et les britanniques dans tout ça?
Le Brexit, ou plutôt son éternel report, a pour conséquence le maintien d’euro-députés britanniques au Parlement européen. Ainsi, les Français qui devaient envoyer 79 élus à Strasbourg, laisse provisoirement 5 sièges aux britanniques. Des sièges qui seront ré-attribués lors de la sortie définitive du Royaume-Uni